(Image : coll. particulière Mitch Chanet)
Après le tragique assassinat de son père Charles-Ferdinand d’Artois, duc de Berry, le 14 février 1820, le duc de Bordeaux, naît le 29 septembre 1820, aussitôt surnommé l’enfant du miracle, il sera plus connu ensuite sous le titre comte de Chambord.
Après dix ans d’insouciance à la cour de France, la révolution de 1830 marque un premier bouleversement dans la vie du duc de Bordeaux. Le 2 Août 1830, son grand-père Charles X abdique, son oncle le duc d’Angoulême renonçant, lui aussi, à la couronne, le duc de Bordeaux, se retrouve donc le seul héritier légitime du trône. Alors que le duc d’Orléans – pourtant nommé par Charles X lieutenant général du royaume – se fait aussitôt élire roi des Français, pour la branche aînée : c’est l’exil. A la mort de Charles X, le duc de Bordeaux prend sa relève à la tête de la Maison de France, et une souscription nationale lui offre le domaine de Chambord, dont il prend le titre : il sera désormais le comte de Chambord. Il n’a pas un grand choix de princesses en raison du blocus matrimonial exercé par Louis-Philippe d’Orléans et doit se contenter de l’archiduchesse Marie-Thérèse, sœur aînée de Marie-Béatrice d’Autriche-Este, princesse de Modène, fille du duc François IV. Après la mort accidentelle du jeune héritier de Louis-Philippe le 13 juillet 1842, alors que la question de la régence divise la France, le comte de Chambord en profite pour rassembler autour de lui à Londres l’élite des partisans de la branche aînée, froissant au passage la Reine Victoria, qui elle, se rapproche peu à peu de la monarchie de juillet.
Suite à la révolution de 1848, les Orléans à leur tour connaissent l’exil, et Louis-Philippe, lui-même, avant de mourir le 26 août 1850 précise, contre l’avis de son entourage, que le comte de Chambord demeure le seul héritier légitime de la couronne. Cependant la division entre les deux branches demeure, et la réussite du coup d’Etat bonapartiste du 2 décembre 1851 en est la preuve. Cette division est d’autant plus absurde que le Comte de Chambord n’ayant pas d’héritier, la branche cadette est sûre de recueillir la succession. (Rappelons qu’alors il n’était pas question de la branche dite d’Anjou, car, malgré l’abrogation de la loi salique en Espagne le 29 mars 1830 par la pragmatique sanction du roi, les carlistes espagnols n’avaient pas encore abandonné toute prétention au trône d’Espagne).
La défaite de Sedan en 1870 marque la fin du second Empire, et les élections du 28 janvier 1871 donnent une chambre aux deux tiers royaliste. Malgré cette majorité, la chambre refuse de faire appel au comte de Chambord, pour éviter de lui faire endosser la défaite, et de le faire » rentrer dans les fourgons de l’Etranger « , préférant attendre le départ des Allemands pour une éventuelle restauration. Le 8 juin 1871 est abrogée la loi d’exil : les princes peuvent rentrer en France, et les Orléans proposent enfin aux légitimistes une fusion acceptée par le Comte de Chambord, à la seule condition du rétablissement du drapeau blanc. La négociation n’aboutit pas, et le comte de Chambord renonce au trône, et repart en exil après un bref séjour.
A l’automne 1873, alors que la « république sans les républicains » semble en plein désarroi quand à son avenir, il revient incognito en France et réside 10 jours à Versailles, mais Mac-Mahon lui refuse toute entrevue et fait alors voter le septennat : la république s’installe pour durer.
Après cette dernière restauration manquée, le comte de Chambord meurt le 24 août 1883 à Frohsdorf. Il est enterré à Goritz (Slovénie).