Statue

Statue équestre du comte de Chambord par Gérard (53 cm x 51 cm).

(collection particulière)

Statue du comte de Chambord

 

Le socle porte un cartouche sur lequel figure l’inscription suivante :

« Henri de France, comte de Chambord

à Mr Bérard des Glajeux

1er juillet 1857″

Il s’agit d’Etienne Paul Hippolyte BERARD DES GLAJEUX, magistrat, avocat général à la cour d’appel de Paris, né en 1797, mort à Paris 7ème le 18 juillet 1865, qui avait épousé à Paris 3ème ancien le 9 février 1830 Célestine Léontine Françoise de Paule LEFEVRE D’ORMESSON, née en 1797, morte à Paris 7ème le 23 février 1869. Un autre exemplaire de ce bronze est conservé au château de Chambord.

 

 

Hippolyte Bérard des Glajeux est l’auteur de vers écrits à l’occasion de la naissance du comte de Chambord. Nous en reproduisons quelques-uns.

Oui, du sang des Bourbons un lys renaît encore !

Sur la France se lève une nouvelle aurore.

Muses, couvrez vos luths de fleurs et de festons ;

Le voile de douleur n’est plus fait pour vos fronts.

Du Prince qu’au tombeau nous avons vu descendre,

Ces accents de bonheur consoleront la cendre,

Et, pour un fils lui-même, en ces transports heureux,

Nous semblent demander notre amour et nos vœux.

Qu’il vive cet enfant, le salut de la France !

Quand son père expirait, la pieuse espérance,

De l’ardente prière empruntant le secours,

Sous l’aile du Seigneur plaça ses tendres jours.

De quels affreux périls son bras l’a su défendre !

De son amour pour lui, que devons-nous attendre ?

Ah ! béni soit le Ciel, qui rallume à la fois

Le flambeau d’Israël et l’espoir de nos Rois !

Que de notre union ce Prince soit le gage !

Qui peut à son berceau refuser son hommage ?

Tout nous parle pour lui, tout redit à nos cœurs

Son nom, son noble sang et nos justes douleurs.

Ah ! croissez, tendre enfant, pour un règne prospère ;

Soyez l’appui des lys, consolez votre mère ;

Et que votre bonheur puisse effacer un jour

Tout ce qu’a su pour vous supporter son amour !

Histoire du sanctuaire du comte de Chambord

(Nous reproduisons ici un extrait des mémoires de M. le Chanoine Cadic, mais il paraît que des témoignages contradictoires existent : n’hésitez pas à nous contacter si vous avez une autre source à nous proposer.)

« Mercredi 29 septembre 1897.

Fête de St-Michel. Réunion des « Blancs d’Espagne » ou partisans de don Carlos. La messe est dite pour eux à 11 H.1 On a sonné pour la messe une des cloches d’en haut…

Autrefois la fête de St Michel était une des plus grandes du pèlerinage. C’était la clôture du pardon et les pèlerins accourraient de tous côtés, Cependant lorsque Henri V devint candidat au trône, les royalistes de l’Ouest prirent l’habitude de venir prier pour lui à Ste Anne, le jour anniversaire de sa naissance, 29 septembre. Ils demandèrent que la messe fut dite pour lui à 11 H et cette messe était suivie d’une réunion qui se tint d’abord dans les remises de Mme Boché, puis dans les remises du Lion d’Or.

Bientôt tous les royalistes se donnèrent rendez-vous à Ste Anne, le 29 septembre, et la fête devint purement royaliste… Comme on tenait à garder cependant l’ancienne fête de la St Michel, on essaya d’organiser un anniversaire du couronnement le 30 septembre. Cela réussit une fois ou deux, et puis tomba aussi. On garda cependant jusque vers 1883 ou 1884 les vêpres du 30 septembre, et elles étaient suivies de la procession à la colonne du couronnement. Mais dans les dernières années, il n’y avait presque personnes à la fête, et il fallut la supprimer…

La fête royaliste cependant prenait de plus en plus d’extension, surtout vers 1875, 1876, etc…

Mémorial du comte de Chambord : Du Guesclin

Sainte Geneviève et Du Guesclin

Une année, plusieurs royalistes furent condamnés, sous prétexte que le local étant insuffisant, la réunion s’était tenue en plein air… Les royalistes firent alors élever dans la prairie du Lion d’Or une grande maison en planches où il fut possible les années suivantes de tenir des réunions très nombreuses

Cependant Henri V mourut. Les royalistes n’ayant plus de candidat n’avaient plus de raison de se grouper à Ste Anne, du moins le 29 septembre. Mais comme la fête du 29 était devenue royaliste, quand les partisans de Henri V cessèrent de venir, la fête tomba complètement.

Mémorial du comte de Chambord : Sainte Geneviève

La baraque en planches fut donnée au Petit Séminaire qui la fit démolir et utilisa les matériaux. En l’honneur de Henri V les royalistes élevèrent par souscription un monument en face de la basilique.

Pour élever ce monument le comité royaliste choisit un terrain en face de l’église, le terrain occupé actuellement par la colonne. Quand Monsieur Névo Père eut vent de la chose, et avant qu’aucune proposition eut été faite au propriétaire du champ il acheta le terrain et proposa au comité de le lui céder moyennant un bénéfice considérable. Le comité refusa avec indignation et songea à un autre terrain sur la route de la gare. La chose s’ébruita et tous les royalistes qui descendaient jusque là au Lion d’Or. désertèrent cet hôtel. M. Névo voyant sa meilleure clientèle lui échapper, comprit qu’il avait fait une fausse manœuvre et proposa au comité de lui laisser le terrain au prix coûtant. L’arrangement fut fait sur ces bases.

Le comité se mit ensuite à l’œuvre. On avait d’abord des projets grandioses. Mais quand le roi fut mort, on l’oublia bien vite, et les belles sommes promises dans le premier mouvement d’enthousiasme, n’arrivèrent pas. Il fallut restreindre le projet.

On fit d’abord faire les cinq statues par un artiste de Nantes. Elles coûtèrent fort cher, 70 000 francs dit-on. Puis on songea au monument. Un architecte de second ordre donna un plan. Comme ce plan ne paraissait pas des mieux réussis, on le fit exécuter d’abord en bois et mortier. L’exécution ne satisfit pas le comité qui chargea M. Deperthes, architecte de la basilique, de préparer un nouveau plan. M. Deperthes, après avoir fait observer que des statues doivent être faites pour un monument et non pas un monument pour des statues, donna le plan qui fut exécuté ensuite par Monsieur Kergoustin.

Mais les finances étaient à court, et on eut mille peines à faire le mur et la grille de clôture du monument, et à la fin de 1897 le jardin est encore à faire. Cependant les partisans de don Carlos voulurent reprendre la tradition des royalistes, sous prétexte que le prince espagnol était le seul héritier de Henri V. La première fois, ils n’étaient pas bien nombreux : seulement quelques fermiers de Mme d’Anglade de Brandivy et de Mme de Noday de Josselin. Ces pauvres fermiers ne connaissaient guère don Carlos et ne s’en occupaient guère ; mais du moment qu’ils s’agissait de faire un pèlerinage à Ste Anne, ils venaient volontiers.

La première fois, on leur refusa une messe parce qu’ils voulaient faire une manifestation politique. Mais on comprit bien vite que ces royalistes n’étaient guère dangereux, et, les années suivantes, on n’hésita pas à leur accorder la messe.

Note 1 : Ils sont plus nombreux qu’ils n’ont jamais été, et d’aucuns portent leur nombre à 500. Ce chiffre est sans doute exagéré, mais il y a bien 300 cependant.»

En complément de notre chapitre consacré au Mémorial du comte de Chambord, il nous semble utile de rappeler ici les statuts de la société civile dite société de Saint-Henri, créée le 20 février 1889 et qui présida à l’érection, par souscription, de ce monument et qui sont publiés par Luigi Bader dans son excellent ouvrage : Le comte de Chambord et les siens en exil, Paris, s.d., pages 170-172.

« Par devant Me Jules Mathieu Marie Le Bayon et son confrères, notaire à la résidence d’Auray, canton de ce nom, arrondissement de Lorient, département du Morbihan, soussignés, ont comparu 1e Monsieur le Général Baron Athanase de Charrette, propriétaire, demeurant à La Basse-Motte (Ille-et-Vilaine) ; 2e Monsieur le Comte Jean Gabriel de Lambilly, propriétaire, demeurant au château de Lambilly, en la commune de Taupont (Morbihan), agissant en son nom personnel et comme mandataire de 1e Monsieur le Duc Sosthène de La Rochefoucauld, propriétaire, demeurant à Paris, rue de Varenne numéro 47, 2eMonsieur le Comte Louis Marie Alexandre de Monti de Rezé, propriétaire, demeurant au château de La Bretonnière (Loire-Inférieure), 3e Monsieur le Comte Albert de Mun, propriétaire, demeurant à Paris, rue François-Ier numéro 38, et 4e Monsieur le Comte Paul Henri Lanjuinais, propriétaire, demeurant à Paris, rue Cambon numéro 31, aux fins de procuration sous signatures privées en date des seize, dix-sept, dix-neuf décembre 1888, et dont les brevets seront enregistrés en même temps que les présentes et y demeureront annexés ; 3e Monsieur Joseph Martin d’Auray, propriétaire, demeurant à Auray (Morbihan)

« Lesquels, aux qualités qu’ils agissent, ont arrêté, de la manière suivante, les statuts de la Société civile qu’ils se proposent de fonder.

« Article premier : Fondation de la Société :

« Il est formé entre Messieurs 1e le Comte de Lambilly, 2e le Duc Sosthène de La Rochefoucauld, 3e le Comte de Monti de Rezé, 4e le Comte de Mun, 5e le Comte Lanjuinais, 6e Monsieur Joseph Martin d’Auray et 7e le Général Baron de Charrette, sus nommés et qualifiés et ceux qui deviendront successivement cessionnaires de leurs droits une société civile particulière ayant pour but l’érection et l’entretien d’un monument commémoratif de Monsieur le Comte de Chambord, et l’exploitation des terrains composant le Domaine appelé le Château, situé au lieu de Sainte-Anne, en la commune de Pluneret, canton d’Auray (Morbihan) et figurant au plan cadastral de la commune de Pluneret sous les numéros 494, 495, 496, 497, 498, 499, 500, 500bis et 501 de la section A pour une contenance de trois hectares, cinq ares et trente-et-un centiares, d’une valeur actuelle de quarante mille francs, et généralement faire tout ce que comporte le but de la Société à l’exclusion de tous actes de commerce qui lui sont expressément interdits.

« La Société sera régie par les dispositions du titre XI du livre III du Code civil, sauf les modifications résultant des précédents statuts.

« Les sociétaires entendent constituer, par ces présentes, l’être juridique « société » consacré implicitement par les articles 529 et 1860 du Code civil.

« Article deuxième :

« La Société aura pour dénomination « Société de Saint-Henri ».

« Article troisième :

« Elle aura une durée de quatre-vingt-dix-neuf-ans.

« La Société ne pourra se dissoudre avant cette date qu’en vertu d’une délibération prise par l’assemblée générale à l’unanimité des membres présents, représentant les trois-quarts des mises sociales.

« Article quatrième :

« Le siège social est fixé au château de Lambilly, commune de Taupont, canton et arrondissement de Ploërmel, département du Morbihan, et pourra être transporté ailleurs par décision du conseil d’administration.

« Article cinquième :

« Le fonds social, comprenant uniquement le domaine dit Le Château, ci dessus désigné, est situé à Sainte-Anne, commune de Pluneret, est fixé, quant à présent, à la somme de quatorze mille francs, et divisé en sept parts d’intérêts, ayant un capital nominal de deux mille francs chacune, une part d’intérêts est attribuée à chacun des fondateurs, Monsieur le Général Baron de Charrette reconnaissant que ses co-associés lui ont versé dès avant ce jour la somme de douze mille francs, représentant les six-septièmes de l’apport social.

Ancienne carte postale du monument

« L’apport social pourra être augmenté en une ou plusieurs fois par de nouvelles émissions de parts. Ces augmentations seront décidées par délibération de l’assemblée générale. Le montant des parts est payable aux époques déterminées.

« Les titres seront extraits d’un registre à souche portant un numéro d’ordre et seront revêtus de la signature de l’Administrateur ».

Luigi Bader ne cite pas la cote d’archives de ce document, vraisemblablement conservé toujours dans les minutes du successeur actuel de ce notaire ou versé aux Archives départementales du Morbihan.

Il précise également que les réunions du 29 septembre étaient publiées chaque année dans Avant-Garde de l’Ouest, journal des Blancs d’Espagne qui parut jusqu’en 1901. Après la Première Guerre mondiale, l’Action Française organisa à nouveau des réunions, mais un peu plus loin, au lieu-dit Le Champs des Martyrs, assemblées qui réunissaient jusqu’à huit mille personnes et qui furent interdites en 1928 par l’autorité ecclésiastique à la suite d’un discours de l’amiral Schwerrer. En 1950, un petit groupe de jeunes, La Mesnie essaya, sans grand succès, de renouer la tradition. Depuis 1983, sous l’égide de l’Union des cercles légitimistes de France, le pèlerinage traditionnel à Sainte-Anne-d’Auray a de nouveau lieu tous les ans, avec des dépôts de gerbe et des veillées devant le monument du comte de Chambord.

Voir le début

Mémorial du comte de Chambord

C’est à Sainte-Anne-d’Auray dans le Morbihan que se dresse la plus importante statue du Comte de Chambord au monde. Située pile en face de la basilique Sainte-Anne se dresse une imposante statue monumentale de plusieurs mètres de hauteur. Un premier étage présente, sur ses quatre faces, les deux saintes patronnes de la France et de Paris : Sainte Jeanne d’Arc sur le devant et Sainte Geneviève à l’arrière, ainsi que les deux grands héros de la chevalerie française : Bayard à gauche et Du Guesclin à droite, debouts tous les quatre. Surplombant l’édifice, la statue du Comte de Chambord le représente à genoux, une couronne posée sur son côté droit. Tandis que les quatre personnages illustrent incontestablement les qualités de sainteté et de courage de tout prince chrétien, la position agenouillée et le costume de sacre dont est revêtu le comte de Chambord lui-même rappellent le rôle qui aurait dû être le sien, tandis que la couronne posée à côté rappelle malheureusement sa disparition sans avoir pu ni la ceindre ni la transmettre…

Mémorial du Comte de Chambord

Sainte-Anne d’Auray et les Bourbons

Sainte-Anne d’Auray conserve avant tout les témoignages de la piété de la Maison de Bourbon. Les apparitions ont eu lieu d’août 1623 à mars 1625, et dès 1628, Anne d’Autriche demande de faire à Sainte-Anne des prières publiques et quotidiennes pour obtenir un héritier au trône. Ce fut ensuite une tradition dans la Maison de France de recommander à sainte Anne la naissance des princes.

En 1638, la reine obtient du pape Urbain VIII l’érection d’une confrérie royale de Sainte-Anne en sa chapelle près d’Auray. Sur les registres de la confrérie, où la reine s’inscrit la toute première, s’alignent les noms de tous les grands de France. En 1639, Louis XIII donne un riche reliquaire. En 1644, Henriette de France, reine d’Angleterre, vient accomplir un vœu, elle peut s’entretenir avec le voyant, Yves Nicolazic, et laisse à la chapelle une croix d’or enrichie de diamants.

Mémorial du comte de Chambord : Jeanne d'arc Mémorial du comte de Chambord : le Chevalier Bayard
Jeanne d’Arc et Bayard

En 1814, c’est au nom du roi Louis XVIII que le duc d’Angoulême vient dans la petite cité. Madame la duchesse d’Angoulême offre un ostensoir en vermeil et, en 1823, vient elle-même prier la mère de Marie. Madame la duchesse de Berry la suivra quelques années plus tard et laissera au sanctuaire une lampe en argent. Le 15 décembre 1829, la duchesse de Berry inaugure deux chapelles, au Champ des Martyrs et à la Chartreuse d’Auray. Madame la Comtesse de Chambord ne faillit pas à la tradition, elle brode une chasuble dont elle fait don à la basilique.

 

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